Philippe de Korodi: «Caran d'Ache ouvrira une boutique à Genève»
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Philippe de Korodi: «Caran d'Ache ouvrira une boutique à Genève»
Lien : Le Matin
Après Dubaï, Tokyo ou Shanghai, la célèbre marque suisse de crayons et de stylos implantera une enseigne d'ici à la fin de l'année, annonce son directeur général Philippe de Korodi
Alexandre Haederli - le 17 octobre 2009, 22h17
Le Matin Dimanche
C'est une société qui a la réputation d'être particulièrement discrète. Et pourtant, Caran d'Ache est très active aussi bien en Suisse qu'à l'étranger.
Ses crayons ont marqué des générations d'écoliers. Depuis plusieurs années, l'entreprise développe également son offre en matière de plumes et de stylos haut de gamme. Rencontre avec son directeur général, Philippe de Korodi.
A l'heure des écrans tactiles, qu'est-ce qui pousse les gens à débourser plusieurs centaines de francs pour un stylo?
La même qui les pousse à acheter une voiture haut de gamme pour effectuer un déplacement qu'ils auraient aussi pu se faire avec une voiture plus basique. La même qui les fera acheter une belle montre plutôt qu'un modèle à quelques dizaines de francs. Cela montre une élégance, un goût des belles choses. C'est comme un bijou.
Est-ce que vous rédigez vos lettres et vos rapports au stylo?
Non, bien sûr! On vit avec notre temps. L'informatique offre des possibilités formidables et nous n'allons pas nous en priver.
Et pour ce qui est du crayon, peut-on encore innover ou apporter une valeur ajoutée?
Oui. Un exemple: nos crayons Luminance lancés l'année dernière. Tout le monde sait qu'avec la lumière, les couleurs ont tendance à passer, à devenir plus pâles. Les musées américains refusaient d'ailleurs de prendre des oeuvres réalisées au crayon car elles perdaient leur couleur. Nous avons développé une «recette» de mine qui permet aux couleurs de résister à la lumière. Ces crayons valent 4 francs pièce et sont destinés au domaine artistique.
Vous êtes une entreprise profondément ancrée en Suisse. Entre les affaires qui touchent UBS et la Libye, l'image de la Suisse est passablement écornée ces derniers temps. Le ressentez-vous dans vos affaires?
Absolument pas. La résilience, la ténacité des valeurs du «Swiss made» est extraordinaire. Le savoir-faire, le goût du détail, la précision: il faudrait quelque chose de grave pour changer cette image. Il y a une coïncidence dans le temps d'événements qui ne rend pas le contexte économique très favorable à la place financière suisse, mais il ne faut pas oublier que, ce que l'on voit de l'intérieur n'est pas forcément perçu de la même manière depuis l'extérieur.
Dans quelle mesure la crise économique vous touche-t-elle?
Il y a une baisse générale de la demande. Mais nous avons l'expérience de ce genre de situation et il ne sert à rien de se battre contre des moulins à vent. Nous ne sommes pas responsables de cette situation et il est donc inutile de vouloir, à notre niveau, trouver des solutions là-contre. L'important, c'est que nous gardions nos parts de marché, même si le gâteau rétrécit.
Cette baisse est-elle chiffrable?
Non, nous ne communiquons pas de chiffres quant à nos résultats.
On imagine que le domaine du luxe souffre particulièrement.
Oui, clairement. Les très belles affaires, axées sur le haut de gamme que nous avons développées ces dernières années en Russie par exemple se sont effondrées en même temps que l'économie de ce pays. L'autre secteur qui a beaucoup souffert, ce sont les stylos que nous produisons aux couleurs des entreprises.
Caran d'Ache a-t-il les moyens de faire face à cette baisse de la demande?
Les entreprises qui résistent à la crise sont celles qui ont un bilan solide, c'est-à-dire un bilan qui ne dépend pas trop des emprunts. Je peux vous affirmer que Caran d'Ache a un bilan très solide parce que nous ne sommes pas dépendants de l'extérieur pour nos finances. Et puis, le pire est derrière nous et je pense que la crise est bientôt terminée. Ces jours, nous réaugmentons d'ailleurs notre production.
Y a-t-il des secteurs qui ont été épargnés?
Oui, celui des beaux-arts n'est pas touché. Au contraire: nous avons constaté que si le chômage augmente, ces produits se vendent mieux. Les gens ont plus de temps de libre et expriment leur créativité en revenant à quelque chose qu'ils ont fait pendant leur enfance, comme le dessin ou la peinture. Par ailleurs, les produits que nous faisons pour les écoles notamment ne connaissent pas de baisse puisqu'ils suivent la courbe de la démographie.
Vous avez ouvert plusieurs boutiques Caran d'Ache en Asie et au Moyen-Orient. A quand une enseigne en Suisse?
Nous avons actuellement 8 boutiques en Asie. Les dernières ont été ouvertes à Tokyo et à Shanghai en septembre. Et je peux vous annoncer qu'une ouverture est prévue tout prochainement à Genève. Nous avons trouvé un bel emplacement à l'aéroport et l'inauguration se fera d'ici à la fin de l'année.
Votre unique usine emploie 300 personnes et se situe à Thônex (GE). Songez-vous à délocaliser une partie de la production?
Non, en aucun cas. Notre philosophie, c'est l'ancrage local. Et on en accepte les conséquences économiques, c'est-à-dire payer plus cher des collaborateurs en se focalisant sur la valeur ajoutée.
Après Dubaï, Tokyo ou Shanghai, la célèbre marque suisse de crayons et de stylos implantera une enseigne d'ici à la fin de l'année, annonce son directeur général Philippe de Korodi
Alexandre Haederli - le 17 octobre 2009, 22h17
Le Matin Dimanche
C'est une société qui a la réputation d'être particulièrement discrète. Et pourtant, Caran d'Ache est très active aussi bien en Suisse qu'à l'étranger.
Ses crayons ont marqué des générations d'écoliers. Depuis plusieurs années, l'entreprise développe également son offre en matière de plumes et de stylos haut de gamme. Rencontre avec son directeur général, Philippe de Korodi.
A l'heure des écrans tactiles, qu'est-ce qui pousse les gens à débourser plusieurs centaines de francs pour un stylo?
La même qui les pousse à acheter une voiture haut de gamme pour effectuer un déplacement qu'ils auraient aussi pu se faire avec une voiture plus basique. La même qui les fera acheter une belle montre plutôt qu'un modèle à quelques dizaines de francs. Cela montre une élégance, un goût des belles choses. C'est comme un bijou.
Est-ce que vous rédigez vos lettres et vos rapports au stylo?
Non, bien sûr! On vit avec notre temps. L'informatique offre des possibilités formidables et nous n'allons pas nous en priver.
Et pour ce qui est du crayon, peut-on encore innover ou apporter une valeur ajoutée?
Oui. Un exemple: nos crayons Luminance lancés l'année dernière. Tout le monde sait qu'avec la lumière, les couleurs ont tendance à passer, à devenir plus pâles. Les musées américains refusaient d'ailleurs de prendre des oeuvres réalisées au crayon car elles perdaient leur couleur. Nous avons développé une «recette» de mine qui permet aux couleurs de résister à la lumière. Ces crayons valent 4 francs pièce et sont destinés au domaine artistique.
Vous êtes une entreprise profondément ancrée en Suisse. Entre les affaires qui touchent UBS et la Libye, l'image de la Suisse est passablement écornée ces derniers temps. Le ressentez-vous dans vos affaires?
Absolument pas. La résilience, la ténacité des valeurs du «Swiss made» est extraordinaire. Le savoir-faire, le goût du détail, la précision: il faudrait quelque chose de grave pour changer cette image. Il y a une coïncidence dans le temps d'événements qui ne rend pas le contexte économique très favorable à la place financière suisse, mais il ne faut pas oublier que, ce que l'on voit de l'intérieur n'est pas forcément perçu de la même manière depuis l'extérieur.
Dans quelle mesure la crise économique vous touche-t-elle?
Il y a une baisse générale de la demande. Mais nous avons l'expérience de ce genre de situation et il ne sert à rien de se battre contre des moulins à vent. Nous ne sommes pas responsables de cette situation et il est donc inutile de vouloir, à notre niveau, trouver des solutions là-contre. L'important, c'est que nous gardions nos parts de marché, même si le gâteau rétrécit.
Cette baisse est-elle chiffrable?
Non, nous ne communiquons pas de chiffres quant à nos résultats.
On imagine que le domaine du luxe souffre particulièrement.
Oui, clairement. Les très belles affaires, axées sur le haut de gamme que nous avons développées ces dernières années en Russie par exemple se sont effondrées en même temps que l'économie de ce pays. L'autre secteur qui a beaucoup souffert, ce sont les stylos que nous produisons aux couleurs des entreprises.
Caran d'Ache a-t-il les moyens de faire face à cette baisse de la demande?
Les entreprises qui résistent à la crise sont celles qui ont un bilan solide, c'est-à-dire un bilan qui ne dépend pas trop des emprunts. Je peux vous affirmer que Caran d'Ache a un bilan très solide parce que nous ne sommes pas dépendants de l'extérieur pour nos finances. Et puis, le pire est derrière nous et je pense que la crise est bientôt terminée. Ces jours, nous réaugmentons d'ailleurs notre production.
Y a-t-il des secteurs qui ont été épargnés?
Oui, celui des beaux-arts n'est pas touché. Au contraire: nous avons constaté que si le chômage augmente, ces produits se vendent mieux. Les gens ont plus de temps de libre et expriment leur créativité en revenant à quelque chose qu'ils ont fait pendant leur enfance, comme le dessin ou la peinture. Par ailleurs, les produits que nous faisons pour les écoles notamment ne connaissent pas de baisse puisqu'ils suivent la courbe de la démographie.
Vous avez ouvert plusieurs boutiques Caran d'Ache en Asie et au Moyen-Orient. A quand une enseigne en Suisse?
Nous avons actuellement 8 boutiques en Asie. Les dernières ont été ouvertes à Tokyo et à Shanghai en septembre. Et je peux vous annoncer qu'une ouverture est prévue tout prochainement à Genève. Nous avons trouvé un bel emplacement à l'aéroport et l'inauguration se fera d'ici à la fin de l'année.
Votre unique usine emploie 300 personnes et se situe à Thônex (GE). Songez-vous à délocaliser une partie de la production?
Non, en aucun cas. Notre philosophie, c'est l'ancrage local. Et on en accepte les conséquences économiques, c'est-à-dire payer plus cher des collaborateurs en se focalisant sur la valeur ajoutée.
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