Salaire : BMW met la pédale douce

La firme allemande n'augmentera pas le salaire de ses managers avant celui des ouvriers. De quoi faire école en Suisse?

Ne pas faire grimper le salaire des patrons tant que celui des ouvriers n'a pas augmenté, l'idée détonne dans le paysage économique actuel. D'autant plus qu'elle est l'oeuvre d'un grand constructeur allemand. BMW a en effet annoncé que dès l'année prochaine l'évolution des revenus des patrons sera proportionnelle à celle de ses ouvriers. «Nous évitons ainsi que les écarts salariaux ne se creusent davantage», a déclaré Harald Krüger, directeur des ressources humaines, à la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung. Et de poursuivre. «Quand on a besoin d'argent et de bonus pour stimuler la motivation, cela entretient un mauvais climat pour le développement de l'entreprise. Nos collaborateurs sont motivés et nous n'avons pas besoin de leur mettre une carotte devant le nez pour les faire avancer.» A noter de plus que chez BMW l'écart entre les salaires est assez faible par rapport à ce qui a cours dans d'autres grandes entreprises. Un manager gagne environ 25 fois plus qu'un ouvrier dont le revenu annuel est de 62 000 fr.

En Suisse, Daniel Vasella est payé, selon Travail. Suisse, 720 fois plus qu'un employé lambda de Novartis. Au Credit Suisse, l'écart est de 434 et chez Nestlé de 304. Et les sociétés helvétiques ne semblent pas emballées par l'initiative de la firme munichoise. UBS se fend d'un no comment. De même que Migros dont les négociations salariales pour l'année prochaine n'ont pas encore commencé. De son côté, Coop souligne que l'année prochaine les bas salaires seront augmentés alors que les revenus des cadres ne bougeront pas.

«Si BMW a pris cette décision, nous la respectons, réagit Thomas Daum, directeur de l'Union patronale suisse. Actuellement, la sensibilité par rapport à ce genre de démarche augmente. Libre aux sociétés qui le souhaitent de prendre ce genre de décisions, mais nous sommes opposés à ce que ce soit le législateur qui fixe le cadre salarial des entreprises. Je rappelle de plus qu'en Suisse l'écart moyen entre les salaires est parmi les plus bas d'Europe.»

«C'est génial»
Un avis qu'est loin de partager Cédric Wermuth, président des Jeunes socialistes qui ont lancé l'initiative 1:12. Celle-ci exige qu'aucun manager ne touche un salaire douze fois supérieur à celui d'un employé. «Nous nous battons pour la justice salariale. Il n'est pas acceptable que dans la même entreprise quelqu'un touche en un mois plus que ce qu'un autre gagne en un an.» L'initative de BMW, il l'accueille avec bienveillance. «C'est génial. Cela met en évidence que les grandes entreprises peuvent faire autrement. Cela montre aussi que l'argument qui prétend qu'il est impossible de ramener le salaire des managers à un niveau acceptable car c'est trop compliqué ne tient pas.»