Vers un quota de femmes dans les conseils d'administration des entreprises ?

Le colloque intitulé « La parité et la diversité dans l’entreprise : une égalité (encore) sous condition » s’est déroulé le lundi 12 octobre dans les locaux de l’Assemblée nationale. Organisé par les Marianne de la diversité et l’Association française des managers de la diversité (AFMD), cet événement avait pour objectif de nourrir la réflexion avant le début de la concertation sur l’égalité professionnelle que le gouvernement s’apprête à ouvrir avec les partenaires sociaux.

En ouverture du colloque, Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a donné le ton de la journée en annonçant la création d’un groupe de travail piloté par Marie-Jo Zimmermann, présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Ce groupe, composé de parlementaires UMP et de personnalités de la société civile, aura pour objectif de faire des propositions qui pourront déboucher sur des textes de loi.

« Jean-François Copé a notamment retenu la proposition de mise en place de quotas de femmes dans les conseils d’administration formulée par Brigitte Grésy dans son rapport préparatoire à la concertation avec les partenaires sociaux sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes », souligne Soumia Malinbaum, présidente de l’AFMD,Brigitte Grésy préconise en effet d’obliger les entreprises à accueillir dans leurs conseils d’administration 40% de femmes dans un délai de six ans, avec un objectif intermédiaire de 20% dans un délai de deux ans. »

La parité reste pour l’heure un vœu pieux

Impliquer le top management dans la lutte contre les disparités prend tout son sens lorsque l’on sait que les femmes ne représentent que 10,5% des effectifs dans les conseils d’administration des entreprises du CAC 40. Et si l’on se penche sur les 500 premières sociétés françaises, ce pourcentage tombe à 8%. Mais les sources de discrimination envers les femmes ne s’arrêtent pas aux portes des conseils d’administration. Avec une rémunération moyenne inférieure de 27% à celle des hommes, un taux de chômage supérieur, une surreprésentation parmi les emplois non qualifiés, un accès moindre à la formation continue dans le secteur privé, une quasi invisibilité dans les instances de décision..., la parité professionnelle reste pour l’heure un simple vœu pieux. Et ce n’est pas le cadre réglementaire déjà mis en place qui a permis de changer la donne puisque seulement 7,5 % des entreprises ont aujourd’hui signé un accord sur l’égalité professionnelle.

« Pour sortir de cette situation intolérable, il faudra passer par une démarche d’injonction comme celle des quotas, reconnaît Soumia Malinbaum, Mais en parallèle, il faudra aussi faire bouger les mentalités car si l’on se contente de la contrainte réglementaire, tout le monde sait que l’objectif ne sera pas atteint. Si en revanche, on travaille en amont sur les préjugés, on arrivera à démontrer que l’égalité est un enjeu économique majeur, et pas simplement une question de cohésion sociale. Donner aux femmes des postes de décision ou bien leur permettre d’aménager leur temps de travail ne dégradera pas la performance de l’entreprise, au contraire. »

Des parcours silencieux et solitaires

Pour nourrir la réflexion avant le début de la concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux, le colloque a aussi donné la parole à des femmes qui sont parvenues à briser le fameux plafond de verre. Véronique Rouzaud, directrice générale des Ressources humaines et membre du comité exécutif de Veolia Environnement, Barbara Lavernos, directrice générale des achats de L’Oréal, Virginie Calmels, présidente directrice générale du groupe Endemol France ou encore Véronique Morali, fondatrice de Terrafemina.com, sont ainsi venues apporter leurs témoignages. « Cet éclairage nous a permis de constater que les femmes qui réussissent ont eu des parcours silencieux et parfois solitaires. » Comme s’il ne fallait pas briser ce plafond de verre qui assure aux hommes le monopole du pouvoir...

Yves Rivoal