Le courriel est mort, vive le micromessage!

Lien : La Tribune de Genève


DR | «Une dame écrivant une lettre et sa servante». Ce célèbre tableau de Vermeer date de 1671, époque à laquelle on communiquait encore avec une plume et du papier…

INTERNET | Les réseaux sociaux du Web compteraient désormais plus d’utilisateurs que la messagerie électronique classique. La communication privée change de visage. A vérifier avec Google Wave.

Le mois d’août a enregistré une petite révolution dans les mœurs des internautes. Presque invisible mais ô combien significative. D’après l’institut Nielsen, qui analyse l’évolution d’Internet dans plusieurs pays gros consommateurs de Toile (Etats-Unis, Europe de l’Ouest, Australie, Brésil), les membres des différents réseaux sociaux et sites communautaires du Web auraient pour la première fois dépassé les utilisateurs de courriels: 301,5 millions contre 277 millions dans les pays mentionnés.

A priori, la chose paraît incroyable: nos boîtes à lettres électroniques ne sont-elles pas bombardées en permanence d’e-mails en tous genres? Envoyer un courriel n’est-il pas devenu aussi naturel que de saisir son téléphone pour parler à quelqu’un?

C’est oublier un peu vite la place que prennent désormais dans nos vies connectées les Facebook, Twitter et autres MySpace. Sur ces sites, on communique essentiellement par «micromessages»: des notes télégraphiques, des «actualisations» brèves, des commentaires de quelques mots, parfois un simple lien renvoyant à un article sur le Web. Pourquoi envoyer un courriel, qui mettra plusieurs minutes à arriver et pour lequel il faudra attendre une éventuelle réponse, alors que les réseaux sociaux invitent à une interaction instantanée avec ses amis et connaissances?

L’utilisation effrénée des SMS et le triomphe des smartphones, qui permettent d’accéder à la Toile en permanence, ne font qu’accentuer la tendance: les formats de la communication écrite ont rétréci. De nombreuses applications, telles que Ping!, dont la version pour iPhone vient tout juste de sortir, permettent de distribuer des messages gratuitement sur différents sites et à différents destinataires en même temps.

La «vague» de Google

En parallèle, le partage de documents a pris de l’importance. Sur les réseaux sociaux, les internautes peuvent publier facilement photos de vacances et portraits du petit dernier. Là aussi, la messagerie électronique traditionnelle paraît désormais insuffisante. Avec l’e-mail, l’envoi de fichiers lourds, images ou vidéos notamment, s’avère souvent lent, peu pratique, voire impossible selon le type de connexion que l’on possède.

Tous ces changements dans les habitudes des internautes n’ont pas échappé à Google. Le géant du Net avait raté l’émergence des réseaux sociaux. Son site communautaire Orkut n’a jamais remporté le succès escompté. La semaine prochaine, Google espère donc se rattraper avec le lancement de Wave (wave.google.com), un outil qui pourrait révolutionner notre façon de communiquer.

Comment? Wave («vague») se situe à mi-chemin entre la messagerie instantanée de type «chat» et le bureau interactif. Les utilisateurs peuvent y commenter, modifier ou partager avec amis ou collègues des textes, des photos, des vidéos et autres documents numériques. Le tout en temps réel et en flux continu, sans jamais sortir du navigateur Web. Chaque intervention reste identifiable. On peut même lire le message d’un interlocuteur au fur et à mesure qu’il l’écrit!

Peu importe dès lors que cette nouvelle «vague» ait été froidement reçue par les premiers «testeurs». Une fois au point, son principe de partage instantané pourrait s’installer durablement dans les mœurs des internautes. A vérifier dès la semaine prochaine.