Primes 2010: méfiez-vous des courtiers!
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Primes 2010: méfiez-vous des courtiers!
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Depuis l'annonce de l'explosion des primes pour l'année prochaine, les boîtes aux lettres de nombreux assurés sont inondées de publicités pour des courtiers, chacun promettant l'assurance de base au meilleur prix. Mais attention! Certains se montrent peu scrupuleux et tentent, par exemple, de vous refourguer, ni vu ni connu, des assurances complémentaires
Alexandre Haederli - le 17 octobre 2009, 22h05
Le Matin Dimanche
Avec la hausse massive des primes d'assurance-maladie 2010, plus d'un million de Suisses devraient changer d'assureur, d'après un sondage publié par le comparateur en ligne Bonus.ch. C'est près du double de l'année dernière. Alors, depuis l'annonce officielle faite il y a un peu plus de deux semaines, certains ont flairé le bon filon et tentent de profiter du désarroi des assurés. Ces opportunistes se présentent comme «conseillers en assurances» et inondent les boîtes aux lettres de leurs publicités.
Toutes se ressemblent: sur une feuille, format A5, un bref texte incite - avec, une fois sur deux, des fautes d'orthographe - l'assuré à changer de caisse et propose, chiffres à l'appui, «l'assurance-maladie la moins chère de la région». En bas de l'annonce figure généralement un numéro de téléphone portable et éventuellement le nom d'un conseiller. Très attrayantes au premier abord, ces offres cachent en fait des procédés souvent discutables.
Mélange des genres
Premier problème: ces annonces mélangent l'assurance de base et les assurances complémentaires. «Il n'y a pourtant pas de lien entre les deux», explique Valérie Legrand-Germanier, spécialiste santé à la Fédération romande des consommateurs (FRC). En effet, la première, qui dépend de la loi sur l'assurance-maladie (LAMal), est très cadrée. Elle est obligatoire et couvre exactement les mêmes prestations quelle que soit votre caisse. Tous les assureurs ont l'obligation de vous accepter, sans vous soumettre à un questionnaire de santé. La durée du contrat est d'une année et le délai de résiliation fixé au 30 novembre pour tout le monde. Les assurances complémentaires, en revanche, sont régies par la loi sur le contrat d'assurance (LCA). Et là, les choses sont bien plus floues: chaque caisse propose des prestations différentes, ce qui rend la comparaison difficile pour ne pas dire impossible. Si vous souffrez de problèmes de santé, les assureurs peuvent émettre des réserves. Enfin, les contrats sont de durées variables, tout comme les délais de résiliation.
«Les complémentaires, c'est aussi la partie financièrement intéressante pour les caisses», relève Valérie Legrand-Germanier. On comprend mieux pourquoi les assurances et les conseillers tentent à tout prix de les vendre avec l'assurance de base. A l'instar de ce conseiller de la société CEP Suisse que nous avons appelé prétextant vouloir changer d'assurance de base et qui nous a proposé une prime incluant d'office des complémentaires, sans même nous le préciser. Lorsqu'on demande des explications, il n'hésite pas à sortir cet argument: «La prime de l'assurance de base baisse si on prend les complémentaires dans la même caisse.»
Vraiment? «Impossible, rétorque Valérie Legrand-Germanier de la FRC. Les primes de l'assurance de base, validées par l'Office fédéral de la santé publique, sont fixées en fonction du lieu de résidence et de l'âge de la personne. Elles ne peuvent pas varier en fonction des complémentaires. En revanche, certaines caisses proposent des rabais sur les complémentaires pour les personnes qui sont déjà chez elles pour la base.»
Les rabais sur les complémentaires, certaines publicités distribuées dans les boîtes aux lettres, en proposent justement. «Jusqu'à 75% de gratuité», promet l'entreprise ABC. Précision utile obtenue auprès du vendeur par téléphone: ces réductions ne sont valables que sur la première année.
Primes fantaisistes
Par ailleurs, les primes annoncées dans ces publicités sont systématiquement calculées avec une franchise maximale, soit 2500 fr., ainsi qu'avec un modèle alternatif dont le plus connu est celui du médecin de famille où l'assuré s'engage à se rendre en premier lieu chez son généraliste. Là non plus, les sociétés de conseils en assurances n'ont pas jugé utile de préciser ces informations sur leurs prospectus.
Mais il y a encore plus fort. A quelques jours d'intervalle, l'entreprise CEP Suisse, qui arrose les cantons de Vaud, Fribourg, Genève et du Valais, a distribué dans une même boîte aux lettres deux publicités. Même mise en page, mêmes promesses à deux détails près: les coordonnées du conseiller d'une part et, de l'autre... les montants des primes «les moins chères»! Dans la première publicité, la prime plancher annoncée est de 175,20 fr. pour un adulte contre 164,10 fr. dans la seconde. Comment expliquer cette différence pour une personne habitant au même endroit? «Le flyer à 164,10 fr. a été imprimé avant que les primes validées par l'Office fédéral de la santé publique soient connues», répond Fabio Martins, directeur de CEP Suisse. Pourquoi alors promettre des primes estimées? «Nous avons commencé notre campagne de publicité le 1er septembre (ndlr: soit un mois avant l'annonce de l'OFSP) pour que les gens soient sensibilisés à ce problème.»
Courtiers liés
Autre phénomène marquant: tous les conseillers contactés proposent de passer chez Assura. Logique puisque, dans les cas que nous leur avons présentés, il s'agissait de la caisse la moins chère. Mais comment être sûr que le courtier que l'on a au bout du fil n'est pas payé par cette assurance? Nous travaillons avec toutes les assurances, nous ont affirmé, sans exception, tous les conseillers. Qui expliquent également être payés à la commission - commission dont ils ne veulent pas communiquer le montant - pour chaque client qu'ils amènent. Problème: ces informations sont invérifiables. «On s'en remet à leur éthique», constate Valérie Legrand-Germanier.
Face à tous ces pièges, vaut-il vraiment la peine de faire appel à un conseiller? «Pour un changement d'assurance de base uniquement, non, répond Valérie Legrand-Germanier. Si la situation est plus compliquée, cela peut s'avérer nécessaire. Mais dans ce cas, il est important de demander une offre, puis de prendre le temps de réfléchir. Voire de demander deux avis.»
Certaines sociétés, comme ACG Consulting dont les flyers ont également empli bon nombre de boîtes aux lettres, ne font pas d'offres par téléphone. Ils proposent un rendez-vous, soit dans leurs locaux, soit au domicile de l'assuré. Est-ce un gage de sérieux? «Pas forcément, estime Valérie Legrand-Germanier. Cela n'indique rien sur l'honnêteté des courtiers.»
Deux outils peuvent aider les personnes qui souhaitent faire appel à un conseiller: le site de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA (www.vermittleraufsicht.ch) qui répertorie les intermédiaires d'assurance reconnus au niveau fédéral et celui de l'Association des courtiers en assurance (www.aca-courtiers.ch). «Les membres de l'association s'engagent à être indépendant des caisses maladie et à respecter des règles de déontologie, précise son président, Richard Saas. Ce n'est pas une sécurité à 100% de tomber sur un bon conseiller, mais c'est un indicateur.»
Depuis l'annonce de l'explosion des primes pour l'année prochaine, les boîtes aux lettres de nombreux assurés sont inondées de publicités pour des courtiers, chacun promettant l'assurance de base au meilleur prix. Mais attention! Certains se montrent peu scrupuleux et tentent, par exemple, de vous refourguer, ni vu ni connu, des assurances complémentaires
Alexandre Haederli - le 17 octobre 2009, 22h05
Le Matin Dimanche
Avec la hausse massive des primes d'assurance-maladie 2010, plus d'un million de Suisses devraient changer d'assureur, d'après un sondage publié par le comparateur en ligne Bonus.ch. C'est près du double de l'année dernière. Alors, depuis l'annonce officielle faite il y a un peu plus de deux semaines, certains ont flairé le bon filon et tentent de profiter du désarroi des assurés. Ces opportunistes se présentent comme «conseillers en assurances» et inondent les boîtes aux lettres de leurs publicités.
Toutes se ressemblent: sur une feuille, format A5, un bref texte incite - avec, une fois sur deux, des fautes d'orthographe - l'assuré à changer de caisse et propose, chiffres à l'appui, «l'assurance-maladie la moins chère de la région». En bas de l'annonce figure généralement un numéro de téléphone portable et éventuellement le nom d'un conseiller. Très attrayantes au premier abord, ces offres cachent en fait des procédés souvent discutables.
Mélange des genres
Premier problème: ces annonces mélangent l'assurance de base et les assurances complémentaires. «Il n'y a pourtant pas de lien entre les deux», explique Valérie Legrand-Germanier, spécialiste santé à la Fédération romande des consommateurs (FRC). En effet, la première, qui dépend de la loi sur l'assurance-maladie (LAMal), est très cadrée. Elle est obligatoire et couvre exactement les mêmes prestations quelle que soit votre caisse. Tous les assureurs ont l'obligation de vous accepter, sans vous soumettre à un questionnaire de santé. La durée du contrat est d'une année et le délai de résiliation fixé au 30 novembre pour tout le monde. Les assurances complémentaires, en revanche, sont régies par la loi sur le contrat d'assurance (LCA). Et là, les choses sont bien plus floues: chaque caisse propose des prestations différentes, ce qui rend la comparaison difficile pour ne pas dire impossible. Si vous souffrez de problèmes de santé, les assureurs peuvent émettre des réserves. Enfin, les contrats sont de durées variables, tout comme les délais de résiliation.
«Les complémentaires, c'est aussi la partie financièrement intéressante pour les caisses», relève Valérie Legrand-Germanier. On comprend mieux pourquoi les assurances et les conseillers tentent à tout prix de les vendre avec l'assurance de base. A l'instar de ce conseiller de la société CEP Suisse que nous avons appelé prétextant vouloir changer d'assurance de base et qui nous a proposé une prime incluant d'office des complémentaires, sans même nous le préciser. Lorsqu'on demande des explications, il n'hésite pas à sortir cet argument: «La prime de l'assurance de base baisse si on prend les complémentaires dans la même caisse.»
Vraiment? «Impossible, rétorque Valérie Legrand-Germanier de la FRC. Les primes de l'assurance de base, validées par l'Office fédéral de la santé publique, sont fixées en fonction du lieu de résidence et de l'âge de la personne. Elles ne peuvent pas varier en fonction des complémentaires. En revanche, certaines caisses proposent des rabais sur les complémentaires pour les personnes qui sont déjà chez elles pour la base.»
Les rabais sur les complémentaires, certaines publicités distribuées dans les boîtes aux lettres, en proposent justement. «Jusqu'à 75% de gratuité», promet l'entreprise ABC. Précision utile obtenue auprès du vendeur par téléphone: ces réductions ne sont valables que sur la première année.
Primes fantaisistes
Par ailleurs, les primes annoncées dans ces publicités sont systématiquement calculées avec une franchise maximale, soit 2500 fr., ainsi qu'avec un modèle alternatif dont le plus connu est celui du médecin de famille où l'assuré s'engage à se rendre en premier lieu chez son généraliste. Là non plus, les sociétés de conseils en assurances n'ont pas jugé utile de préciser ces informations sur leurs prospectus.
Mais il y a encore plus fort. A quelques jours d'intervalle, l'entreprise CEP Suisse, qui arrose les cantons de Vaud, Fribourg, Genève et du Valais, a distribué dans une même boîte aux lettres deux publicités. Même mise en page, mêmes promesses à deux détails près: les coordonnées du conseiller d'une part et, de l'autre... les montants des primes «les moins chères»! Dans la première publicité, la prime plancher annoncée est de 175,20 fr. pour un adulte contre 164,10 fr. dans la seconde. Comment expliquer cette différence pour une personne habitant au même endroit? «Le flyer à 164,10 fr. a été imprimé avant que les primes validées par l'Office fédéral de la santé publique soient connues», répond Fabio Martins, directeur de CEP Suisse. Pourquoi alors promettre des primes estimées? «Nous avons commencé notre campagne de publicité le 1er septembre (ndlr: soit un mois avant l'annonce de l'OFSP) pour que les gens soient sensibilisés à ce problème.»
Courtiers liés
Autre phénomène marquant: tous les conseillers contactés proposent de passer chez Assura. Logique puisque, dans les cas que nous leur avons présentés, il s'agissait de la caisse la moins chère. Mais comment être sûr que le courtier que l'on a au bout du fil n'est pas payé par cette assurance? Nous travaillons avec toutes les assurances, nous ont affirmé, sans exception, tous les conseillers. Qui expliquent également être payés à la commission - commission dont ils ne veulent pas communiquer le montant - pour chaque client qu'ils amènent. Problème: ces informations sont invérifiables. «On s'en remet à leur éthique», constate Valérie Legrand-Germanier.
Face à tous ces pièges, vaut-il vraiment la peine de faire appel à un conseiller? «Pour un changement d'assurance de base uniquement, non, répond Valérie Legrand-Germanier. Si la situation est plus compliquée, cela peut s'avérer nécessaire. Mais dans ce cas, il est important de demander une offre, puis de prendre le temps de réfléchir. Voire de demander deux avis.»
Certaines sociétés, comme ACG Consulting dont les flyers ont également empli bon nombre de boîtes aux lettres, ne font pas d'offres par téléphone. Ils proposent un rendez-vous, soit dans leurs locaux, soit au domicile de l'assuré. Est-ce un gage de sérieux? «Pas forcément, estime Valérie Legrand-Germanier. Cela n'indique rien sur l'honnêteté des courtiers.»
Deux outils peuvent aider les personnes qui souhaitent faire appel à un conseiller: le site de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA (www.vermittleraufsicht.ch) qui répertorie les intermédiaires d'assurance reconnus au niveau fédéral et celui de l'Association des courtiers en assurance (www.aca-courtiers.ch). «Les membres de l'association s'engagent à être indépendant des caisses maladie et à respecter des règles de déontologie, précise son président, Richard Saas. Ce n'est pas une sécurité à 100% de tomber sur un bon conseiller, mais c'est un indicateur.»
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